cross-posted from: https://jlai.lu/post/510876

Repost de reddit

Bonjour ! Il y a quelque temps, j’avais discuté avec quelqu’un sur ce sub et au cours de la discussion j’avais sorti que le travail était au service du travail sans forcément plus d’explication. Donc la voilà :

Le travail c’est une abstraction englobant tout un tas d’activités qui consistent globalement à créer de la valeur à travers des marchandises qui sont produites indépendamment de leur contenu concret.

Contrairement à ce qu’on peut penser, la valeur ne peut être créée que par le travail d’êtres humains et seulement par lui. En effet, les machines ou robots ou IA ne permettent que, à plus ou moins long terme, de baisser le prix d’une marchandise.

Prenons l’exemple d’une chemise, si on met dix heures pour en produire une, mais que dans une usine, des outils permettent de faire la même en une heure. On a peut-être multiplié nos profits par 10. Mais à partir du moment où les outils nécessaires à la production plus rapide de notre chemise seront généralisés, alors le nouveau prix de cette chemise ne sera plus que d’une heure de travail.

Et c’est là la contradiction du capitalisme : en cherchant à produire plus de valeur, il cherche constamment à réduire le temps de travail humain nécessaire à la production, mais cette réduction conduit inévitablement à une impasse.

Dans notre cas, cela signifie que pour créer le même bénéfice qu’avant la mécanisation de la production de la chemise, il faudra en produire simplement 10 fois plus. Au passage cela signifie aussi extraire 10 fois plus d’eau, 10 fois plus de tissu, etc. Donc au moment ou le capitalisme espère créer de la valeur, il en perd.

Cela n’était pas tellement un problème avant ces dernières années, avec les révolutions industrielles successives qui ont permis d’améliorer constamment les processus de production. De la machine à vapeur aux micro-processeurs, on a pu sans cesse réduire le temps de travail. Mais arrive un moment où, pour continuer à raboter le peu de travail qu’il reste, ça devient sacrément compliqué (et compliqué dans la bouche d’un capitaliste ça veut dire coûteux).

Les différentes évolutions technologiques dont je parlais brièvement juste avant n’ont jamais permis d’éliminer du travail. Ça a pu être une promesse à de nombreux moments pour convaincre les gens que c’est pour leur bien, mais le résultat, c’est qu’aujourd’hui la mécanisation dans les champs n’aura pas permis aux gens de se reposer en attendant les moissons, elle aura permis de garder moins de gens dans ces champs (avec plus de surface à gérer) pour pouvoir envoyer plus de personnes travailler dans les usines. L’industrialisation dans ces mêmes usines n’aura pas permis aux gens de rentrer plus tôt chez eux mais elle aura permis d’envoyer des gens dans des bureaux et de garder le minimum d’ouvrier. Enfin, l’informatisation n’aura pas permis de gérer la compta mais, avec toujours la même logique, de créer toujours plus de sociétés de services avec leur lot d’applications ou de logiciels questionnables sur leurs finalités.

Donc les idéalistes qui rabâchent que l’IA prendra bientôt nos places dans les usines, dans les bureaux se fourvoient complètement. Non, la technologie ne nous sauvera pas. Ça n’est pas arrivé dans le passé et ça n’arrivera pas aujourd’hui ou demain.

Aujourd’hui il n’y a plus de moyen d’améliorer significativement la production via des machines (ou alors faudra m’expliquer comment, ce n’est pas ChatGPT qui va planter les carottes ou construire des bâtiments). Donc le seul levier qu’il reste c’est d’augmenter le temps de travail des êtres humains.

Donc pour en revenir au fait que “le travail est au service du travail”, ce que je voulait dire c’est que la finalité du travail c’est de produire les conditions qui permettront de continuer à travailler. Le travail est une finalité en soi.

Voilà. Un poste un peu plus théorique que les habituels témoignages, ça change un peu. Je pense qu’il y a des trucs à modifier/à préciser donc si vous voulez apporter des précisions, je suis tout ouïe.

  • potterman28wxcv@beehaw.org
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    1 year ago

    Je comprends pas trop ta logique. Si je reprends l’exemple de la mécanisation des champs, certes cela a amené des personnes a quitter les champs pour travailler ailleurs - mais si tu regardes au total (champ + usine) on produit plus. Si au lieu de 1000 personnes on n’a besoin plus que de 100 personnes pour faire la même quantité de travail, alors les 900 autres personnes peuvent eux même faire un autre travail.

    Pour moi le gros souci du capitalisme c’est qu’il suppose que les resources sont infinies. En reprenant l’exemple des champs, si c’était infini les 900 personnes qu’on a viré pourraient aller faire leurs propres champs et par magie on produirait vraiment 10 fois plus.

    Sauf que la réalité c’est que les ressources ne sont pas infinies - à force d’avoir une croissance trop grande on finit par atteindre des limites.

    • Eikichi@jlai.luOP
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      1 year ago

      C’est pas de moi, c’est un cross-post.

      Je ne vois pas de contradictions avec ce que tu dis et le texte ? En gros vu que les ressources sont pas infinies, et que l’on veut toujours de la croissance et que l’on atteint les limites a chaque fois,le capitalisme et le travail s’auto-entretient (creations de services etc etc).

      Par exemple avec lavenement du web, tu as aussi eu l’apparition des fermes de clics, ce genre de choses. Le travail ne rend pas libre, il genere du travail et de la souffrance.

      • potterman28wxcv@beehaw.org
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        1 year ago

        Je trouve le texte pas clair quant à la conclusion. Et je n’arrive pas à voir en quoi le travail générerait de la liberté ou de la souffrance. Pour moi c’est décorrélé. Je ne vois pas non plus comment ton raisonnement va de “l’avènement du Web a générer des fermes à clic” à “le travail ne rend pas libre il genere du travail et de la souffrance”

        Je suis bien dans mon travail et je ne souffre pas. Y a des travails bons dans lesquels les gens s’épanouissent et des travails mauvais où les gens peuvent souffrir. Le problème tel que je le vois n’est pas le travail en lui même (puisqu’il est possible d’être heureux au travail) mais les conditions de travail dans certains endroits - pour ce qui est de la souffrance en tout cas.