La taille du dossier d’instruction encore incomplet est de 14 000 pages, ce qui représente à ce que l’on en comprend six mois de plein emploi pour un nombre significatif de policiers, et donne une idée du sens des priorités dans l’exercice de la justice dans ce pays. A sa lecture ultérieure et en y explorant dans le détail l’amplitude des moyens qu’ont jugé bon de déployer les enquêteurs pour venir à la rescousse de Lafarge, les mis en examen constateront qu’ils avaient effectivement carte blanche. L’officier concède d’ailleurs à mon avocat que la police est, ces dernières années, une des institutions les mieux dotées financièrement du pays, et admet que leurs syndicats font quand même bien du cinéma. […]

Au 2eme jour, je suis emmené dans une nouvelle pièce pour le prélèvement de l’ADN et des empreintes. La coutume à Levallois est que le refus d’ADN soit systématiquement poursuivi par le parquet local et condamnable théoriquement à 1 an de prison.Grand prince au royaume de l’absurde, l’officier me fait en effet savoir lors d’une audition qui suit que je ne serais finalement « pas poursuivi » pour refus puisqu’ils m’ont effectivement « de toute façon déjà pris mon ADN avec le masque chirurgical dans la voiture » . Il s’agissait simplement de maquiller d’un vernis de consentement ce qui a déjà été obtenu par la contrainte ou la ruse. […]

Texte intégral : https://blogs.mediapart.fr/les-ami-es-des-soulevements-de-la-terre/blog/110923/affaire-lafarge-enquete-de-terrain-au-4e-sous-sol-de-l-anti-terrorisme